En octobre 2024 paraissait mon livre « Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale » (Écosociété), fruit de quatre années de travail inspirées de mes billets de blogue hebdomadaires sur les sciences cognitives et de mon site web sur le fonctionnement de base du cerveau humain. Mais malgré la forme dialoguée du livre et tous mes efforts de vulgarisation scientifique, les thématiques abordées, vastes et complexes, font que ce bouquin n’est pas tout à fait ce qu’on pourrait appeler une « petite lecture d’été pour la plage », comme me l’ont fait remarquer certaines personnes…
Par ailleurs, de nouvelles lectures faites depuis la parution du livre me font voir des liens entre celles-ci et du contenu de l’ouvrage comme autant de bonifications dont j’aimerais déjà tester la pertinence. Voilà donc ce qui m’a donné l’idée de créer une sorte de « club de lecture » de mon propre livre ! Fidèle à l’organisation générale du livre en différentes « rencontres » entre les deux protagonistes, je propose pour ce club de lecture de faire autant de séances qu’il y a de rencontres dans le bouquin, c’est-à-dire une douzaine. Durant la première demi-heure de chacune de ces séances, j’en résumerai les concepts clés ainsi que de nouvelles idées issues de mes lectures récentes. Ce sera ensuite l’occasion de poser des questions sur les aspects plus difficiles de cette rencontre (exposés par exemple dans certains encadrés). Après la pause habituelle des cours de l’UPop, nous approfondirons un thème lié à cette rencontre, idéalement toujours avec un.e invité.e qui nous parlera de son domaine de recherche relié à celui du thème de la rencontre. Et à nouveau, les gens pourront intervenir et faire comme Yvon dans le livre en questionnant les implications concrètes de tout ça dans notre vie de tous les jours.
Deux derniers points. D’abord sur les lieux de nos séances qui seront autant de clins d’oeil au livre : chacune de celles-ci se déroulera autant que possible à l’endroit même des rencontres du livre ou, si ce n’est pas possible, pas trop loin ou dans un lieu semblable. Et finalement, les séances du club de lecture auront lieu une fois par mois, autour du 20 – 25 de chaque mois. Il s’agit donc d’un cours qui va s’échelonner sur un an, y compris l’été où l’on ne compte pas faire relâche mais plutôt profiter de la belle saison pour se rencontrer à l’extérieur, comme le sont les 4e, 5e et 6e rencontres dans le livre !
Au coeur même du projet des sciences cognitives, il y a le cerveau humain qui tente de se comprendre lui-même ! Pour apprivoiser cette vertigineuse circularité, la méthode scientifique peut nous aider. Mais ce qu’est réellement la science et comment elle fonctionne est malheureusement encore trop mal compris dans la population en général. L’activité scientifique comporte en effet différents aspects qui amènent différentes façons possibles de la définir. Pour aborder ces questions épistémologiques, on prendra l’exemple de l’histoire des sciences cognitives au XXe siècle.
Je résumerai aussi succinctement l’idée centrale du livre « The Blind Spot. Why Science Cannot Ignore Human Experience” (2024), de Adam Frank, Marcelo Gleiser et Evan Thompson sur l’expérience direct souvent perdue dans les disciplines scientifiques contemporaines au profit d’une abstraction de plus en plus formelle et mathématique que l’on vient à considérer comme la réalité.
Invité de la 2e heure : Perig Gouanvic, sur la nature et l’évolution du concept d’ « evidence-based medicine » et les rapports parfois tendus entre science et politique à partir de l’exemple des mesures sanitaires mises en place durant la pandémie de COVID-19 en 2020-2021.
Pour comprendre que « nous sommes faits de poussières d’étoiles », comme le disait Hubert Reeves, il faut considérer le passage de l’évolution cosmique à l’évolution chimique, puis à l’évolution biologique. On tombe alors sur des phénomènes qui peuvent sembler évident de prime abord, comme la vie, la reproduction, la sélection naturelle, le passage aux multicellulaires ou l’émergence des systèmes nerveux, mais dont une compréhension un peu plus approfondie soulève bien des questions sur le caractère à la fois improbable de notre existence comme primate parlant, mais à la fois aussi sur notre filiation avec le reste du vivant. On pourra ensuite élaborer un peu plus sur une section du livre (qui a été enlevée par manque d’espace et placée sur son site web) sur la complexification du cerveau chez les vertébrés qui permet de raffiner les comportements, jusqu’à l’expansion spectaculaire du volume cérébral durant l’hominisation et tout ce que ça va rendre possible chez l’être humain. Tout cela permettra de réfléchir sur les notions de « niveaux d’organisation » et de « propriétés émergentes », deux concepts fondamentaux pour comprendre notre évolution et la suite de notre aventure.
Invitée de la 2e heure : Michelle Drapeau, qui nous parlera de paléoanthropologie, son domaine de recherche qui étudie l’évolution de la lignée humaine, notamment à partir de fragments d’os retrouvés. Elle abordera aussi quelques-unes des « 27 caractéristiques humaines façonnées par l’évolution », du petit livre fort bien documenté qu’elle a publié en 2021, comme la bipédie, la dépendance juvénile prolongée chez notre espèce, et tout qui en découle en terme d’organisation de la société humaine.
> Ouverture des portes à 18h et cuisine ouverte (avec soupe, sandwich, dessert, etc). Arrivez tôt, places limitées.
Après avoir considéré comment s’est mis en place notre système nerveux sur le temps long de l’évolution à la rencontre précédente, on va résumer comment il se déploie ensuite chez ce petit être humain immature qui va s’imprégner de la culture dans laquelle il grandit. Et comme le développement de son cerveau est grandement dépendant de l’activité nerveuse découlant de son interaction avec l’environnement, on n’aura pas le choix de considérer un peu le fonctionnement de cet influx nerveux qui permet la communication rapide entre les neurones. Sans oublier le rôle essentiel de la partie chimique de cette transmission au niveau de la synapse qui permet aux neurones d’intégrer tous les messages qu’il reçoit et de transmettre le résultat de ce calcul.
On sera alors en mesure de montrer en quoi le cerveau est bien différent d’un ordinateur. Puis de considérer les progrès de l’intelligence artificielle des dernières décennies comme autant de rapprochement du fonctionnement de notre propre cerveau. L’écart entre les accomplissements spécifiques de l’IA contemporaine et l’intelligence générale humaine pourra alors être apprécié à sa juste valeur. Des ouvrages comme « Une nouvelle théorie de l’intelligence » (2023), de Jeffrey Hawkins, pourront servir à alimenter la discussion quant à l’avenir et les limites de l’IA.
Invitée de la 2e heure : Simon Derome, qui abordera, de son point de vue de neuropsychologue des troubles développementaux, les dangers de l’utilisation abusive des tablettes et des écrans en général durant les premières années du développement de l’enfant, et comment sont conçues les études qui arrivent à ces conclusions.