La question de la gestion des déchets est souvent l’entrée première de la prise en compte des préoccupations environnementales. Les déchets représentent aussi l’élément sur lequel tous les individus ont potentiellement du pouvoir et donc de l’impact sur l’amélioration de l’environnement. Malheureusement, à travers le monde, dans l’histoire et à l’heure actuelle, les institutions, le monde de la recherche, les municipalités, les groupes et les individus semblent tous adhérer à la seule vision et pratique industrielle de la gestion de nos matières résiduelles.
Notre cours vise à présenter les éléments historiques et factuels glanés à travers le monde et en particulier les pratiques montréalaises. L’objectif principal de ce cours qui est de décoloniser la perception uniquement gestionnaire des déchets. Nous discuterons de la nécessité d’une responsabilisation et d’une meilleure connaissance de la question des déchets par chaque individu et nous mettrons en lumière la nécessité d’engager des recherches pour une didactique de l’acquisition des compétences de gestion adéquate des déchets, préalables à l’objectif actuel d’économie circulaire.
Nous prendrons en compte la question de la responsabilité capitaliste dans son ensemble et nous parlerons du positionnement de la recherche académique, de celle des militants et des non militants sur la question des déchets. Ces éléments nous permettront de préciser l’objectif principal de ce cours qui est de décoloniser la perception uniquement gestionnaire de la gestion actuelle des déchets en faisant émerger la piste de la nécessité de l’action préalable d’une responsabilisation et d’une meilleure connaissance de la question des déchets. Laquelle implique la nécessité de conduire des recherches pour une didactique de l’acquisition des compétences de gestion adéquate des déchets.
Nous poursuivrons par l’histoire de la gestion des déchets en milieu urbain. Il sera question de l’invention des déchets, de la technologisation, de l’hygiénisation et de leur invisibilisation dans un mode de vie jetable.
La question de la gestion des déchets est une question vive dans la société. Elle implique de pouvoir articuler connaissances et valeurs, et de se poser la question du pourquoi et non du comment. L’analyse de la structure de la gestion des déchets est basée sur une organisation de quelques-uns pour tous à l’image des décrets (1883-1884) du préfet Eugène Poubelle à Paris nous permettra d’interroger la biopolitique (la manière dont les « gouvernants gouvernent les conduites des populations » Michel Foucault) sur la question des déchets. Nous observerons que la culture de la gestion des déchets est basée sur la ségrégation de ces objets, des lieux où ils sont pris en charge ainsi que des hommes qui s’en occupent.
L’analyse des freins institutionnels et sociaux à la gestion adéquate des déchets permet d’expliquer pourquoi ces compétences sont insuffisamment acquises par les populations à travers le monde. Elle permet de comprendre comment l’acquisition de compétences de gestion des déchets représente une démarche sociale didactique et non pédagogique. Les quinze préceptes admis en sciences de l’éducation seront abordés afin de démontrer comment, au regard des pratiques actuelles, ceux-ci ne sont pas respectés, ce qui pourraient expliquer l’incompétence des populations à gérer leurs déchets.
La non compétence actuelle des populations dans la gestion de leurs déchets s’observe à travers diverses pratiques : littering, brulage des déchets, leur abandon dans l’eau, leur incinération, et leur enfouissement en site contrôlé ou non. Au Nord occidental riche et relativement « propre » et au Sud principalement pauvre et « sale », le lien de l’incompétence est identique : la présence du littering.
Nous mettrons en lumière la nécessité de décoloniser notre perception et notre gestion actuelle des déchets en précisant l’urgence de l’acquisition des compétences de gestion adéquate des déchets comme préalable à l’objectif actuel d’économie circulaire. Nous allons identifier et préciser les quatre compétences de base nécessaires à tous les humains : le non littering, qui est une attention et un soin de base accordés à l’environnement et au paysage ; l’acquisition des compétences de compostage des déchets et des excréments ; les pratiques visant la réduction des déchets et l’allongement de leur durée de vie ; et enfin, l’identification et une meilleure connaissance de la nature (matière) des déchets produits en vue de leur intégration dans les circuits disponibles pour être pris en charge.