Participation citoyenne

Présentation

Ce cours aborde l’action citoyenne non pas sous sa forme habituelle, mais en tant que force de réflexion et de proposition. Il comporte deux volets intimement liés en raison de l’entrelacement des enjeux sociétaux et technico-scientifiques. Le premier concerne les processus de démocratie participative et délibérative, tels que les conférences de citoyens, et leur application pour des sujets d’importance politique ou sociale majeure. La qualité des débats et de l’information est indissociable d’une véritable démocratie. À l’heure actuelle, l’information nécessaire contient une forte composante scientifique et technique. Or, il est indéniable que des angles morts existent, ne permettant pas d’éclairer correctement certains débats et choix cruciaux. La science répond-elle toujours aux bonnes questions ? La participation citoyenne a donc une utilité certaine dans la définition et la décision des choix en matière de recherche, et une place devrait lui être aménagée en conséquence. Le deuxième volet concerne donc la science et la recherche participatives. Les processus mis en œuvre lors de ces exercices de démocratie présentent une certaine similitude, mais également des spécificités propres qu’il convient de prendre en compte.

Professeur-e(s)

Gianfranco ValentDocteur en médecine vétérinaire, Gianfranco Valent possède plusieurs centres d'intérêt, plus ou moins liés, tels que l'éthologie, l'épistémologie, l'histoire et l'histoire des sciences, les processus de réflexion collective notamment lors d'expertises collectives ainsi que les processus de démocratie participative et délibérative, etc. Il s'implique dans plusieurs activités associatives qui lui ont permis d'analyser les interactions entre citoyens, associations, scientifiques et décideurs. Actuellement, il est membre de l'association Sciences Citoyennes, qui a pour objet, directement ou indirectement, de favoriser une réappropriation citoyenne et démocratique de la science.

Plan de session

Librairie Zone Libre, 262 Sainte-Catherine Est

Mai 1

Démocratie participative et délibérative. Quels protocoles et quelle place dans le débat public ?

mercredi, 18h, Librairie Zone Libre

À maintes reprises et de diverses manières sur la scène publique, on associe souvent la participation citoyenne à des problématiques locales, parfois en marge de projets importants déjà largement définis, évitant ainsi la réflexion sur le bien-fondé de ces projets eux-mêmes. Pourtant, ce type de processus démocratique, sous la forme de ce que l’on appelle les Conventions de Citoyens, est utilisé au Danemark depuis plus de trente ans pour solliciter l’avis des citoyens sur des thèmes aussi complexes et à fort enjeu que les choix technico-scientifiques, reconnaissant ainsi leur capacité de réflexion collective et d’analyse. Les efforts de représentation populaire sont aussi anciens que l’humanité, et pas si récents que cela si l’on se réfère aux tentatives grecques et romaines. Les cinq cents ans de république romaine et l’évolution de son système de gouvernement regorgent de multiples exemples, à la fois instructifs et parfois dramatiques. Il est important de noter que le terme « république » n’est pas synonyme de « démocratie », et que la démocratie n’est pas un état naturel et spontané. C’est un processus volontaire, évolutif et fragile.

Actuellement, seulement un peu plus de vingt pays sont considérés comme de véritables démocraties, mais les processus de démocratie participative n’y occupent toujours pas la place qu’ils mériteraient, même si l’on observe une multiplication des projets et des réalisations. Cela témoigne d’une véritable volonté de participation d’une partie de la population, ce qui contredit l’idée généralement admise de désaffection. En utilisant des exemples concrets, plus ou moins réussis, provenant de sujets et de pays très divers, dont le Québec, nous identifierons les principaux points clés ainsi que les facteurs de réussite ou d’échec de cette démarche. Il convient également de souligner l’impressionnante capacité de réflexion et d’analyse des groupes de citoyens tirés au sort, pourvu qu’ils disposent des moyens et du temps nécessaires, ainsi que d’une information de qualité.


Mai 8

La science et la recherche participatives. Ingérence ou coopération ?

mercredi, 18h, Librairie Zone Libre

Depuis longtemps, la science fondamentale et ses applications à travers ce que l’on appelle la technoscience sont devenues des forces structurantes de nos sociétés. Leur complexité et leurs interactions avec diverses industries, ainsi qu’avec des intérêts privés ou étatiques, contribuent à écarter les citoyens, leurs représentants élus, voire les pouvoirs publics, des décisions ayant une réelle importance. Existe-t-il un véritable débat public sur les politiques publiques en matière scientifique et technique ? Nous en sommes loin. Pour les citoyens, leur rôle va de la simple collecte de données dans le cadre d’un programme de recherche déjà défini à l’élaboration de questions que les scientifiques vont ensuite traduire en termes de projet d’étude. La porte reste le plus souvent fermée lorsqu’il s’agit de la définition d’un programme de recherche, alors que la véritable science et recherche participative commencent là.

À travers quelques exemples principalement québécois et français, on pourra constater que la science et la recherche participatives ont des contenus et des objectifs différents selon le point de vue (universitaires, associations, citoyens, etc.). On pourra aussi voir que l’expertise académique et non académique ne sont pas antinomiques et peuvent se combiner à travers un effet catalyseur, qui a été documenté et qui est lié à la présence de citoyens au sein de groupes d’experts. L’intensité, l’étendue et la profondeur de cet effet sont corrélées au degré d’implication des citoyens et à la qualité des protocoles mis en œuvre. Cet effet est souvent observé de façon anecdotique lors de l’action de citoyens ou d’associations, mais ne fait pas l’objet d’une sollicitation active ni d’une utilisation raisonnée. Or, cette action citoyenne est indispensable pour équilibrer d’autres influences.