Du terrain vague à la zone à défendre

Présentation

La lutte pour la défense d’un terrain vague portée par Mobilisation 6600 parc nature MHM à Hochelaga-Maisonneuve est révélatrice de nombreux enjeux actuels. S’inscrivant dans les mouvements écologistes pour la transition socio écologique et la justice environnementale, la territorialité de ce mouvement et son objet défendu, un terrain vague, lui apportent quelques singularités. Bien que ce type d’espace soit habituellement qualifié d’abandonné, vide, sale, délabré, parfois même dangereux, pourquoi défendre un terrain vague? Que nous apprennent ces interstices urbains? Qu’est-ce qui y émerge et y vit? À quoi ce lieu à la marge s’oppose-t-il? Quels sont les possibles qui y prennent forme et par quoi sont-ils menacés? Articulé autour de 5 séances, ce cours propose d’approfondir ces questions.

Professeur-e(s)

Yoakim BelangerArtiste peintre multidisciplinaire, Yoakim Bélanger expose partout au Canada et dans de nombreuses foires internationales. Il vit à Montréal, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.
Jacob BoivinJacob Boivin est chargé de cours et candidat au doctorat en communication à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal. Il est membre du Groupe de recherche sur l’information et la surveillance au quotidien (GRISQ). Ses intérêts de recherche portent sur la sociologie et la philosophie de la technique, les technologies numériques (plus particulièrement l’intelligence artificielle), l’économie politique ainsi que sur l’écologie politique.
Jean-Félix ChenierJean-Félix Chénier enseigne la science politique au Collège de Maisonneuve depuis 15 ans. Il vit à Montréal, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.
estelleSami et estelle sont devenu.e.s ami.e.s au terrain vague où iels aiment se retrouver pour flâner et discuter, et tenter de trouver les meilleurs mots pour décrire les expériences politiques qui s’y jouent.
Carole LévesqueMarcher, photographier, dessiner, cartographier: le travail de Carole Lévesque s’investit dans des démarches longues et lentes pour explorer les formes de représentation du territoire urbain, ses temporalités et ses usages. À Montréal ou ailleurs, ce sont les lieux délaissés, préservés à l’écart ou en ruine qu’elle préfère arpenter. Co-fondatrice du Bureau d’étude de pratiques indisciplinées, et membre chercheure au CELAT, les questions en marge, les détournements et le croisement des méthodes sont au cœur de ses investigations. Elle est professeure et directrice de l’École de design de l’UQAM où elle enseigne la théorie et les pratiques du design.
Joris MaillochonHabitant de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, père de 3 enfants, Joris fréquente le terrain vague depuis plus de 10 ans et s’implique dans le mouvement mobilisation 6600 parc nature MHM. Dans le cadre de sa maîtrise, il s’intéresse aux différents rapports aux territoires qui se confrontent au terrain vague.
Annabelle RivardAnnabelle Rivard Patoine est candidate au doctorat en sociologie économique à l’Université de Montréal. Elle a enseigné les cours de Marx et Marxisme et de Sociologie de l’environnement à l’Université de Montréal. Elle est de Stasis (groupe d’enquête sur le contemporain- https://groupestasis.com/)
SamiSami et estelle sont devenu.e.s ami.e.s au terrain vague où iels aiment se retrouver pour flâner et discuter, et tenter de trouver les meilleurs mots pour décrire les expériences politiques qui s’y jouent.

Plan de session

La Livrerie, 1376 Rue Ontario Est

Mar 26

(re)connaître le terrain vague

mardi, 19h , La Livrerie

Le terrain vague est aujourd’hui une expression bien connue pour décrire ces lieux en milieu urbain qui sont sans usage, en attente de développement, à l’abandon, ou en friche. Il est, depuis déjà longtemps, le lieu de prédilection pour les interventions temporaires, pour l’agriculture improvisée et plus récemment, le lieu de l’appropriation citoyenne. Ce n’est pourtant pas le terrain vague en lui-même qui intéresse, mais bien sa disponibilité : le promoteur y voit une occasion d’affaires, l’architecte, l’accomplissement du grand projet, l’activiste, le lieu de défense d’un idéal, le citoyen, une socialisation à reconstruire. Or, qu’arriverait-il si l’on s’attardait plus spécifiquement au lieu en lui-même ? Et qu’arriverait-il, surtout, si, en portant moins attention au « terrain », c’est-à-dire à cet espace délimité par l’arpenteur-géomètre et déterminé en large partie par sa disposition à être construit, notre attention était davantage portée sur le « vague », c’est-à-dire sur la relation imprécise qu’il entretient avec notre expérience de la ville ?

Séance données par Carole Lévesque.


Avr 9

Capitalisme logistique et conflits socio-environnementaux autour du Terrain vague

mardi, 19h, La Livrerie

L’accroissement des capacités logistiques pour le Québec constitue une priorité pour les gouvernements québécois et canadiens que l’on peut comprendre en relation avec leur idéologie de la croissance, qui se décline à partir du paradigme de la « quatrième révolution industrielle ». Ce projet s’accompagne d’innovations liées à l’IA, la science des données et les algorithmes, lesquelles sont au cœur du modèle d’affaires de l’entreprise Ray-mont Logistiques qui s’installe actuellement au terrain vague d’Hochelaga. Le modèle de capitalisme logistique souffre toutefois de certaines contradictions sur le plan socio-écologique: limites biophysiques, surveillance généralisée, précarisation du travail, etc. Ainsi, les transformations urbaines et régionales accaparées par les impératifs des grands oligopoles technologiques génèrent de nouveaux conflits socio-environnementaux autour de la privatisation, l’optimisation et la rationalisation de l’espace telles que l’exprime la lutte du terrain vague.

Séance données par Jacob Boivin et Annabelle Rivard Patoine.


Avr 23

Le terrain vague dans le prisme de l'Utopie et de la dystopie

mardi, 19h, La Livrerie

La BD « Résister et fleurir » est construite autour d’un cours de science politique tenu en pleine pandémie. Grâce à une étudiante, Lylou Sehili, le cours a bifurqué sur la lutte sociale au terrain vague d’Hochelaga-Maisonneuve contre cette immense plateforme de transbordement de conteneurs qu’est Ray-Mont Logistiques. Nous proposons donc une réflexion sur le point de bascule entre l’utopie et la dystopie à partir de l’exemple du terrain vague. Ensuite nous questionnerons la place de l’art dans la lutte. Les arts et les artistes sont au cœur de cette lutte: chansons, arts du cirque, spectacles de toutes sortes, arts visuels, théâtre, raves, zines, films, BD, artisanat, etc. Avec la BD Résister et fleurir, l’objectif était de contribuer à cette lutte dans la mesure de nos moyens et de nos talents.

Séance données par Jean-Félix Chénier et Yoakim Bélanger.


Mai 7

La conspiration des usages. Lutter au terrain vague

mardi, 19h, La Livrerie

Cette séance propose une lecture de la mobilisation pour la défense du terrain vague d’Hochelaga comme s’inscrivant dans l’horizon d’une lutte habitante. Nous nous intéresserons aux usages, à la fois comme pratiques libres et gratuites des lieux mais aussi comme composition des modes de résistance pour réfléchir la spécificité des expériences politiques inaugurées au/par le terrain vague d’Hochelaga. Notre démarche est motivée par une série d’interrogations : de quelle résistance parle-t-on lorsqu’il est question de « Résister et fleurir » ? Quelles conflictualités et quelles formes de rationalité sont en jeu ici ? En quoi le terrain vague ouvre-t-il un territoire d’expérimentation politique ? Comment habiter les ruines du présent pour nuire davantage au triste monde qui s’annonce ? Et depuis cette position, comment penser nos défaites, et quelles victoires envisager ?

Séance données par Estelle et Sami.


Mai 17

Arpenter le terrain vague : une approche sensible pour vivre et fêter un nouveau monde

vendredi, 19h, boisé Vimont

À travers la visite du Terrain vague nous vous invitons à découvrir un espace interstitiel (la friche, le terrain vague) dans un moment interstitiel (entre jour et nuit). Notre promenade débutera en fin d’après-midi et finira en soirée, nous permettant de vivre et sentir plusieurs ambiances. L’arpentage du terrain sera ponctué de moment d’informations et d’échanges qui permettront d’explorer les différents usages et les différentes facettes du lieu. Allant de l’accès à la nature, de l’exploration familiale par le jeu libre en passant par les raves et l’agriculture urbaine, nous allons naviguer dans cet espace créateur de communautés aux multiples usages. Nous souhaitons offrir une approche sensible de ce lieu. Pour vivre un moment collectif au terrain vague et célébrer la fin du cours, vous serez invité à partager un moment festif qui clôturera la visite.

Séance données par Chalerlet Brethomé et Joris Maillochon.