Ce cours a pour but de présenter les prémisses d’une nouvelle histoire des représentations en Nouvelle-France. Longtemps considérée comme un moment de fondation pour la nation, la période coloniale peut aussi être comprise comme un moment de destruction culturelle, écologique et sociale. Il s’agira donc de faire un parcours, à travers les écrits de l’époque, qui nous permettra de comprendre comment se met en place le récit de cette destruction et comment ce qui peut paraître comme une fin du monde pour les autochtones nord-américains peut devenir le récit de fondation d’un Nouveau Monde. L’histoire des représentations de la violence coloniale permettra d’aborder les aspects plus sombres de la colonisation française, qu’il s’agisse de guerres, d’esclavage ou de pratiques génocidaires, mais il ne s’agit pas ici de jouer au tribunal du passé. Au contraire, l’étude de l’imaginaire colonial nous permettra de voir les lignes de continuité dans la longue histoire entre ce passé et notre présent, mais aussi les points de ruptures et de résistance d’une humanité qui ne s’est jamais réduite à ses circonstances.
Liste de lectures
Traduction d’extrait
Exemplier
Ce premier cours s’attache particulièrement à la période des grandes explorations. À travers des récits comme ceux de Jacques Cartier et de Samuel de Champlain, nous verrons comment se met en place le discours sur le territoire et sur sa prise de possession. Il s’agira aussi de voir comment la colonisation ne peut être seulement comprise localement, mais qu’elle doit aussi être comprise comme le début d’une mondialisation des imaginaires.
Les Relations des jésuites présentent un des corpus les plus imposants de la période coloniale, mais qui étaient ceux derrière ce projet de refondation du christianisme en terre américaine ? À la fois précurseurs de l’anthropologie moderne, polyglottes, écrivains, metteurs en scène, peintres, aventuriers, défenseurs de la culture et de l’éducation, idiots utiles du pouvoir colonial, voleurs de terres, fossoyeurs culturels et vecteurs d’épidémies, l’héritage contrasté des jésuites a beaucoup à nous apprendre sur le rapport contemporain que nous entretenons aux peuples autochtones.
L’arrivée du régiment de Carignan-Salières dans la colonie en 1665 permet d’entamer une nouvelle phase dans le conflit entre Français et Iroquois qui hante la Nouvelle-France de manière récurrente. Des textes comme ceux de Marie de l’Incarnation ou de Chartier de Lotbinière nous permettent de comprendre davantage l’imaginaire des incursions de 1666 en territoire iroquois, qui mèneront à la soumission provisoire de ces derniers après la mise à sac de leurs villages et de leurs récoltes.
Au XVIIIe siècle, la Nouvelle-France recouvre un territoire immense peu occupé par la France qui en revendique le droit de propriété. Cette revendication est appuyée par un réseau d’alliances complexes entre Français et autochtones dont l’esclavage est un des rouages importants. Dans ce cours, nous verrons le cas de deux peuples autochtones, les Renards et les Natchez, qui se sont opposés au pouvoir français, et qui en ont payé le prix par leur extermination presque complète. Nous verrons ensuite comment les représentations de ces moments génocidaires ont pu être effacées ou survivre comme une sorte de mémoire coupable de la colonisation.
Le baron de Lahontan est sans doute le plus connu des fauteurs de trouble ayant habité la Nouvelle-France, mais il est loin d’être le seul. Ce cours reviendra sur certaines figures importantes de la résistance au pouvoir colonial, esclaves, autochtones, femmes, criminels ou écrivains d’un jour, pour faire une brève histoire du désordre et de la liberté en Amérique française.